Menu Accueil

EPISODE N° 16 – Les Hyènes portent aussi des Louboutin

LyrkhanDans un précédent NDPAMM j’avais dressé le portrait d’une Hyène en cravate et mon lectorat assidu m’a fait remarqué que, mixité oblige, il existait aussi des Hyènes en Louboutin. Certes ! Et il n’y a pas de raison que mon goût pour la gente féminine m’interdise de dire tout le bien que je pense de cette espèce rare.

Trop rare ?

Oui, car la Hyène est un spécimen solitaire, est-elle rare parce qu’elle est victime de l’inégalité H/F ou parce que, comme tout prédateur, elle chasse ses propres congénères de son territoire et ne les tolère que pour s’accoupler ?

A propos, ma théorie sur l’égalité professionnelle homme/femme, est que, l’on arrêtera d’en parler quand il y aura autant de femmes incompétentes que d’hommes aux Comités de Direction des entreprises.

Sur ces réflexions ethno-politico-socio-culturelles intenses, je vais me lancer dans un nouvel exercice, la caricature, sachant que toute ressemblance avec des personnages existant ne serait, évidemment, que fortuite.

Tout d’abord, sachez que je n’ai rien contre ce type de Hyène qui est prédatrice certes, mais « c’est pas de sa faute ».

En effet, la HeL (vous ne croyez pas que vais me taper la Hyène en Louboutin pendant des heures) est une personne profondément et sincèrement éprise de justice et d’équité, pour qui, il n’y a pas de place (pour les autres, mais c’est un autre problème, ne m’interrompez pas s’il vous plaît…), donc pas de place pour le « gris ». Les choses sont noires ou blanches… D’ailleurs ne marche-t’elle pas sur le rouge ?

Ainsi, les personnes qui essaient de trouver des compromis, des arrangements, de solutions, sont faibles et inutiles. Il n’y a qu’une seule et unique vérité et il s’avère, comme par hasard, que c’est la leur. Vérité qu’elles claironnent haut et fort avec le même aplomb à la machine à café, en comité de Direction ou à la Radio quand il y a des fuites sur les centrales nucléaires. Et gare à celui qui aurait la prétention de croire que cette vérité est discutable. La hyène montre les dents (qu’elle a dures d’ailleurs), et fera tout pour lui faire entendre raison.

Et comment me direz-vous ? Eh bien, tout est possible. Du moment que l’interlocuteur finisse par changer d’avis.

Cela peut être par la force : « Non mais t’as rien compris, laisse moi t’expliquer… »

Par la référence à une confidence faite par une sommité de l’entreprise (on ne s’attardera pas sur la manière dont cette confidence a été obtenue) : « Charles-Edouard me confiait il y a quelques jours à ce sujet, que la meilleure solution à ce sujet est… »

Par le changement de sujet plus ou moins subtil, (là, en général, on n’est pas loin d’avoir trouvé LE bon argument) : « Tu prendras bien un café ? »

Par la séduction, (c’est là que le combiné Louboutin, porte-jarretelle devient utile au travail) : « Tu preeeenddraaas bieeeenn un caféééé ? » – Oui c’est exactement la même phrase mais vous aurez noté le changement de ton, le sourire plus félin, le léger bombement de torse, le contact de la main, posée négligemment sur le bras de la proie, voire même, dans certains cas le déhanché (le déhanché est plus visible à la machine à café qu’en réunion où normalement une table le soustrait à votre regard). Le premier « tu prendras bien un café » est une esquive, une façon de détourner l’attention et la conversation pour éviter la confrontation. Le deuxième cherche à te faire perdre tes moyens (surtout si tu es un homme évidemment) en te disant, « pffff, JC si tu te la fais pas celle-là… » et immédiatement le cerveau de l’homme descend d’un ou deux étages pour se placer là où plus aucune connexion neuronale n’existe, et où ne subsistent que les connexions hormonales. (Un dessin ou vous avez compris ?). Dans ces conditions, il est fréquent que la HeL l’emporte.

Je voudrais m’attarder un peu sur cette notion de « discussion » avec la HeL.

Pour le commun des mortels (c’est-à-dire vous mes fidèles lecteurs et moi), engager une discussion avec quelqu’un est sain, cela permet d’échanger des points de vue, de porter un nouvel éclairage sur sa vision des choses, de l’enrichir de données que nous ignorions, et parfois nous en faire apprécier une facette jusque-là cachée.

Dans le cas de la HeL, le phénomène est faussé de base, puisque de toutes façons « ELLE A RAISON ». C’est idiot de vouloir croire que l’on peut la faire changer d’avis ! Alors pourquoi, dans ces conditions, perd-elle son temps à vous convaincre ?

Eh bien, c’est là que peut se cacher la perversité de la HeL. Elle est certes seul specimen de son espèce sur son territoire, mais elle besoin d’un écosystème qui lui soit favorable, et  va privilégier un entourage acquis d’avance. (Aurais-je décris une « cour » de fidèles ? non ça ne me ressemble pas). La tentative de conviction, n’a pas pour but de convaincre (naïf que vous êtes) mais de tester votre capacité à être d’accord aveuglément et sans réticence. Vous comprenez la subtilité ?

Il arrive, enfin, certains ethnologues ont publié des études de cas (mais on n’a jamais pu reproduire les expériences en milieu naturel), il arrive donc que la HeL change d’avis au cours d’une discu-conviction ! Ces mêmes ethnologues pensent que dans ce cas précis, le contradicteur apporte un argument qui permet à la HeL d’entrevoir une autre victoire plus grande (où était face à une hyène de niveau 2, mais ce n’est pas l’objet du débat), je n’ai malheureusement pas d’exemple à vous donner n’ayant moi-même jamais assister à un tel évènement.

Allez ! Je vous vois venir : « Comment ? La Hyène ne change pas d’avis ? Mais tu te trompes, un coup il faut faire comme-ci, le lendemain « mais non t’as rien compris », et une semaine après « mais qu’est-ce qui t’as pris de faire ça ?» Là aussi je vous dois quelques explications.

La HeL est persuadée de ce qu’elle dit à l’instant où elle le dit et vous ne la ferez pas changer d’avis. Ce qui ne lui interdit pas de changer elle-même d’avis le lendemain, ou une semaine après et d’y croire avec la même intensité. Et si vous lui apportez la preuve de son changement d’avis (un mail, un courrier par exemple) gare à sa colère ! D’ailleurs, vous aurez remarqué que, bien souvent, les Hyènes ne répondent pas aux mails ! J’en ai croisé une Grand Chef Hyène qui avait pour habitude de te retourner les notes nécessitant de décisions délicates, avec la mention « me voir ! ». Voilà, pas de traces, pas de cadavre donc… pas de crime… Je m’égare…

Tout ça pour dire, ne croyez pas que quelqu’un d’autre que vous arrive à influencer votre Hyène quand elle change d’avis. C’est juste son mode de fonctionnement. Elle est binaire. Elle ressent une émotion et, instinctivement, il y a une réponse basée sur la nécessité de prendre le pouvoir et le contrôle pour ne pas être déstabilisée. Son centre mental est totalement zappé à cet instant. Puis, quand l’émotion retombe, le cerveau analyse et rationnalise le sujet, et permet à la HeL de changer d’avis mais d’elle-même et sans contrainte extérieure.

Oui mais, me direz vous, comment arrive-t’elle si bien à avoir toujours raison ? Quand elle dit, « c’est comme ça qu’il faut faire », elle y arrive toujours. C’est chiant, mais c’est comme ça. Force est de constater que quand bien même on pensait que son idée était une vaste connerie, il s’avère qu’elle réussit !

Comment ? Je vous le demande ! C’est magique ?

Que nenni ! C’est la puissance de la Hyène. Au moment où elle assène sa conviction, rien n’est encore joué, tout reste à faire. Et, dès cet instant toute l’activité de la Hyène va être accaparée à la réussite de son ambition. La HeL, reconnaissons lui cette qualité, fait preuve d’une énergie hors du commun. Tout l’attirail de la persuasion, séduction, écrasement, coups bas, se mettra en branle jusqu’à ce qu’elle puisse fanfaronner « Ah Ah vous voyez, je vous l’avais bien dit ! ».

Je sens que quelques esprits chagrins s’impatientent de savoir comment je vais pouvoir achever cette étude ethnologique, et surtout quels sont mes conseils stratégiques de survie en présence d’une HeL.
Face à ce specimen suprême de la chaine alimentaire, ne me vient qu’une idée :  « Struggle for life » comme disait notre cher Darwin.
Peu d’options s’offrent à vous : sachez reconnaître ses semelles rouges sang, preuves irréfutables de sa dangerosité, identifiez son territoire et sortez en, ne laissez ni trace ni odeur, et surtout…. courez, courez vite, très vite.
Vous trouvez cette attitude un peu lâche, et vous avez peur de ne pas courir assez vite ?
Attendez j’ai mieux !
Contentez vous de courir plus vite que votre voisin…

Catégories :BTP Métier

Tagué:

Lyrkhan

Je m’appelle..., et puis quoi encore... (l’anonymat dans certaines situations est vital) et je suis ingénieur dans le BTP.

Depuis 1988 je travaille dans le Bâtiment, formé à l’ESTP (Ecole Spéciale des Travaux Publics) où je me suis plus illustré au Journal interne et aux aventures Théâtrales, qu' en assistant aux passionnants amphithéâtres de RDM*. J’y ai cependant appris à aimer le travail d’équipe et le plaisir de réussir des projets.

J’ai, majoritairement passé ma carrière à rénover des Bâtiments Parisiens et cette passion du « construire ensemble » m’a toujours guidée au cours de mes nombreux chantiers.

Et si je parle de passion, c’est qu’il en faut une certaine dose pour apprécier de faire ce métier chronophage, protéiforme et viril, où l’on s’appelle plus souvent « ma couille » (il faudra vous y faire) que « cher ami », surtout si l'on préfère l’univers de Boris Vian et Pierre Desproges à la lecture assidue du BAEL** ou des DTU***.

Malgré ce décalage, je n’ai jamais perdu cette passion du métier, parce que les aventures humaines sont finalement toujours plus importantes que les calculs aux éléments finis, parce qu’un con debout va toujours plus loin que deux ingénieurs assis (ah je vous avais prévenu) et enfin parce que bien que souvent suspecté d’être un atypique « qui n’aime pas les cases », j’ai apporté ma pierre à ces aventures pour mon grand plaisir et pour la réussite des projets.

Aujourd’hui, je suis passé de suspect qui se cache à coupable qui l’assume, voire le revendique.

L’aventure est dans le partage, alors je vous présente, à travers des témoignages, des observations et des critiques : un rapport d’étonnement de… presque 30 ans.

il était temps que je l’écrive.

(*) RDM : Résistance des Matériaux : Tous les matériaux ne résistent pas de la même manière. Belle évidence non ? Eh bien, il faut croire que cela ne suffit pas, puisque des ingénieurs en ont fait une science qui permet de calculer si un pont tient mieux avec du métal qu'avec des élastiques.

(**) BAEL : Béton armé à l’Etat Limite : Méthode de calcul du béton armé dont je serai totalement incapable de vous préciser le début du commencement du préliminaire et franchement je n’ai pas honte.

(***) DTU : Documents Techniques Unifiés : Titanesque recueil de méthodes de construction qui regroupe tout le savoir-faire du BTP. « La bible » comme disent certains, et comme toute bible, il y a les ultra-conservateur qui s’y réfèrent oblitérant toute tentative d’interprétation aussi mineure soit-elle. Toute relation avec des événements récents est totalement assumée.

3 réponses

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

%d blogueurs aiment cette page :