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Philosophie de voyage en voiture

J’apprécie particulièrement les voyages en voiture pour ce qu’ils ont de propices à la déambulation des idées.

Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je vous préviens tout de suite que, tout comme mes pensées vagabondent et virevoltent, mes textes rebondissent de parenthèses en parenthèses, (que mon côté « c’est quand même mieux quand rien ne dépasse » s’évertue à toutes refermer (ça serait dommage que vous tombiez dans une faille spatio-temporelle pour une parenthèse mal refermée non ?)).

L’habitacle agit comme une cage de faraday inversée.

Vous ne visualisez pas le concept de cage faraday inversée ? Eh bien laissez-moi vous expliquer : Une cage de Faraday (avec un F majuscule c’est mieux, puisqu’il s’agit de rendre hommage à ce brillant physicien et chimiste britannique (nul n’est parfait) du 19ème Siècle dont les travaux ont permis, dans les domaines de l’électromagnétisme et l’électrolyse, des bonds significatifs (et pas seulement parce qu’il se prenait régulièrement des châtaignes en tripotant des fils dénudés). Peut-être voulait éviter une électrocution définitive ? On ne le saura jamais, mais ce qui est certain c’est qu’il a démontré que la charge électrique est à l’extérieur du conducteur chargé (le conducteur électrique pas celui de la voiture, qui d’ailleurs n’a pas intérêt à être trop chargé, suivez un peu !!) et qu’elle n’a aucun effet sur ce qui peut être situé à l’intérieur. Et pour en revenir à mon image de  cage inversée, c’est comme si tout ce qui se passe à l’intérieur de la voiture n’avait aucun effet sur l’extérieur de la voiture… Et donc, c’est la moindre des choses me direz-vous… Euh, ben c’est tout le contraire, c’est l’extérieur qui n’a aucun effet sur mes pensées quand je suis en voiture, l’habitacle agit donc sur moi comme une cage de Faraday tout court. En tout cas, Faraday, grâce à ses conneries, a fini par être couché sur le billet de 20 £ et avec Sarah Barnard (son épouse légitime, qui n’a rien, mais absolument rien à voir avec l’Actrice).

L’habitacle agit comme une cage de faraday mentale. Et tout ça pour dire quoi ? Ah oui, mes pensées sautent de la baisse du CAC 40, à la hausse de la popularité de notre cher Président (Poisson d’Avril !), à c’est quand qu’on mange, à la déchéance de Nationalité, à oups c’est là que j’aurais dû sortir !!!

Il arrive que le trajet soit plus long et les pensées plus profondes, je souhaitais simplement illustrer le principe.

Au cours d’un récent départ en week-end avec compagnes et enfants (j’en ai deux (enfants, et une seule compagnes !) certains disent je suis parti avec « armes et bagages » (moi je pars plutôt avec bagages et bagages, étant bi-classé escargot-pacifiste niveau 20 et non chasseur-voyageur)), la conversation est tombée sur la peur des attentats qui faisait hésiter la mère de mon ainé à accepter qu’il aille au Parc des Princes voir un match de foot. Hésitation légitime puisqu’il était le 13 Novembre au Stade de France.

Nous débattions sur le fait que, bien que légitime, cette peur de l’attentat ne devait pas restreindre l’envie de sortir, et qu’il fallait être bien lâche pour s’interdire d’aller au stade sous prétexte que les « grandes réunions attirent les bombes ». Les enfants des balançoires de Lahore n’assistaient pas à un match de hockey sur gazon à ce que je sache !!! Et mon fils de renchérir : si on va par-là, il ne faut plus sortir de chez soi, parce que ça peut péter n’importe où…

Et le mot « lâche » a fait une halte entre deux synapses, a regroupé plusieurs idées qui trottaient, a attrapé au passage un effet Larsen (physicien Danois de la fin du 19ème, qui, lui non plus, n’a pas couché avec Sarah Bernardht) et s’est s’est agrégé avec « si on va par-là ». Il avait bougrement raison, l’asticot. La vraie question est là :

A quel moment commence-t-on à céder à la peur ?

Quand on voit un mec avec une kalachnikov et une ceinture d’explosif ? Bon, là, ok on peut, ça risque d’être un peu tard, mais j’admets.

Quand on regarde avec un peu trop d’insistance un type basané avec un gros manteau qui pourrait cacher une kala et des explosifs ? Normal, il faut être vigilant non ? Mais pourquoi basané ? Ah oui tu as raison, il faut suspecter tout le monde, pas de racisme.

Attends, attends !!! En quoi est-ce raciste ? On remonte un cran dans l’arbre des causes là non ?

Voilà ou ça commence tiens ! Le simple fait que, seul devant mon écran, il m’est déjà difficile de trouver les mots précis et juste pour que vous compreniez ma pensée, sans que je sois taxé de raciste.

Tiens allez, je me lance, sans filets, on verra bien…

Moi je dis que l’on commence à céder, quand on se dit que Charlie Hebdo a exagéré avec les caricatures de Mahomet, parce que le blasphème c’est irrespectueux. Et les curés pédophiles impunis, c’est respectueux de qui ? (Et en plus j’ai même pas peur de m’en prendre aux cathos !)

Ça commence quand on se dit que le port du voile intégral à 16 ans, c’est pas grave si elle a la foi ! La foi radicale a 16 ans ?! Même Jeanne d’Arc j’ai du mal à y croire ! Ça commence, quand on voit une gamine ainsi affublée, suivre trois pas en arrière un cinquantenaire bedonnant qui ne semble pas du tout être son père ! Même Gainsbourg et Birkin ça me gonflait !

Ça commence quand un conducteur de bus refuse de serrer la main de ses collègues femmes et finit par refuser de partager le volant. Et que l’on ne peut rien faire contre « ça ». C’est quoi ce « ça » ? Le respect de sa foi ? Ou le refus du combat de la laïcité. A chaque fois que sous prétexte de respect de l’autre, on fait un pas en arrière et on se sent contraint dans sa liberté, on ne fait qu’augmenter le sentiment d’injustice et d’impunité, qui finit dans les urnes en bleu marine !

Ça commence quand on réfléchit à la façon dont on va pouvoir mettre du porc dans les cantines scolaires, sans problèmes avec « les minorités ». Ben le jour où il y a du porc, ils mangent que des légumes. Comme mes enfants qui refusent le poisson du vendredi, c’est juste qu’ils le trouvent « dégueu » et se tapent un kebab en sortant de l’école. Je crois pas qu’ils soient malheureux et se sentent opprimés dans leur foi (à la rigueur leur foie pourrait mal supporter le kébab (d’ailleurs des importations massives de kébab frelaté depuis la Syrie serait plus efficace sur les populations occidentales que les kalachnikov (j’aurais l’air con si ça arrive un jour tiens !)).

Ça commence, quand je demande un jambon-beurre à la boulangerie en bas du bureau, et qu’un barbu me répond, je n’ai que du thon-mayonnaise si vous voulez… Non je ne veux pas,… Et qu’est-ce-que j’aimerais pouvoir te dire, juste sur le ton de la plaisanterie, « désole mais ma religion m’interdit de pourrir du thon avec de la mayo de conserve dégoulinante », sans que je craigne qu’il le prenne mal.

Ça commence, quand on a des mecs qui passent à la radio ou à la télé, et qui tournent autour du pot sur le port du voile, l’incitation au meurtre des « infidèles » et la signification du Jihad. Et les gars, c’est oui ou c’est merde ?! Il commence là l’amalgame… Comment voulez-vous que, pour nous qui n’avons pas été élevé dans la culture coranique, nous puissions faire la différence entre un wahhabite, sunnite ou chiite. Quand Tarik Ramadan, peut parler en toute liberté et dire tout et son contraire en affirmer que les musulmans se sentent humiliés par la violence étatique, les contrôles au faciès et la suspicion. Et nous, on ne se sent pas humiliés quand on voit des comportements intolérables, et qu’on ne peut pas réagir parce qu’on a les jetons de prendre une bastos par un illuminé ? Ah si on peut réagir en votant extrême droite… Génial ! Comme ça on confirme à ces fanatiques qu’on est un pays de racistes qui veut mettre les musulmans dehors et leur faire bouffer du cochon de force.

Alors ? On répond à la violence par la violence ? C’est la réponse ?!

Remarquez, pour le moment la réponse de nos politiques est bien celle-là. Vous croyez vraiment que ça soulage la femme de Cabu de savoir qu’on tapisse de bombes Racca ou Palmyre (à ne pas confondre avec la Palmeraie de Marrakech) ? Elle, je ne sais pas, mais pour ma part, j’avoue que ne je ne comprends pas en quoi tuer des civils et déplacer des centaines de milliers de personnes pour les bloquer en Turquie ou les laisser se noyer en méditerranée, fait de nous une civilisation respectable ?

Ah bah, on va pas se laisser faire tout de même !!! J’ai pas dit ça ! Je dis juste que quand on se coince le doigt dans la porte, c’est pas de la faute de la porte, et que de toute façon taper dessus soulagera, au mieux son ego, mais rarement la blessure. Un grand maître zen m’a dit un jour : « toujours plus de la même chose, donne toujours plus du même résultat ».

Et si on changeait de paradigme, juste pour se marrer !

Les dizaines de millions qui sont engloutis dans les vigipirates, bombinettes méditerranéennes, militaires armés, heures supplémentaires des policiers et démineurs, si on les donnaient aux banlieues (les millions, pas les militaires, quoique je me demande l’effet que ça ferait tiens !!!). On arrose les petits délinquants de vigidollars, on gave les cités de deux fois plus de pognon que ne rapporte le trafic de drogue, d’armes et de prostitution. On met des racoleurs publics, « tu gagnes combien en prêchant la mort ? », j’te donne le double pour que tu prêches la paix et la tolérance ! J’ai la folie de croire que le réseau va rapidement se tarir.

Oui, mais les mecs qui se font sauter, c’est pas pour l’argent !

Ok, eux non. Par contre, je pense sincèrement que pour un bon paquet d’intermédiaires du système, les rabatteurs, les prêcheurs, les laveurs de cerveau, les passeurs, les fournisseurs de planque, les fabricants de faux papier, les pourvoyeurs d’armes, les entraîneurs, les artificiers, les webmasters de la propagande et autres rouages de la machine, le moteur idéologique est bien faible par rapport à celui du fric et du pouvoir.

Quel homme politique pourra proposer une telle idée ?

A ce stade, mon fils (oui je vous rappelle qu’on est dans un dialogue dans la voiture), me dit : « ben t’as que te présenter aux élections… »

Décidément, je l’aime.

Et si le combat commençait justement par lui inculquer, que tolérer n’est pas céder, comprendre n’est pas accepter, et qu’on guérit rarement d’une maladie en ne s’attaquant qu’à ses symptômes.

1 réponse

  1. Super !!!!! Génialissime !!!! J’adore le ton ( pas le thon … ), les mots ( pas les maux … ) les idées ( pas les idéaux …. ) et l’idée finale et géniale de ton fils me permettrait d’aller voter plus sereinement en 2017 !!!!! :). Perso je trouve que manager quelquessss personnesss ou un pays avec les idées en prime pas de problème !!!!

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