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EPISODE N° 28 – Concurrence déloyale

LyrkhanLe BTP est un secteur industriel qu’il sera bien difficile de délocaliser.

Vous en doutez ? Alors imaginez la réunion de comité d’entreprise qui proposerait :

« Messieurs, les temps sont difficiles et pour gagner en productivité, nous vous proposons une réduction de salaire de 5%, contre l’engagement solennel de ne pas délocaliser pendant les 5 prochaines années »

« Ou là là là, arrêtez vous nous faites peur ! La salle Pleyel, vous comptez la construire à Pékin ou à Taïwan ? Ça va faire gros comme cargo pour la ramener jusqu’au Faubourg Saint Honoré. Non ? Même en tassant un peu, j’ai peur que ça touche un peu sur les bords !!! Allez, on n’est pas vache, on acceptera 2,5% d’augmentation mais pas plus.»

Mais ne nous y trompons pas, quand il s’agit de gagner quelques euros, l’imagination humaine n’a aucune limite.

Même si parfois, on se dit, « j’aurais p’têt’ pas dû ! »

Le chantier à l’issue duquel j’ai gagné mon 1er CDI, était une boulangerie. « Wouah ! Quel exploit ! » Attendez, bandes de moqueurs, une Boulangerie fabriquant un million de petits pains par jour ! « Alors hein? On la ramène moins ! »

Si vous êtes un lecteur assidu, vous aurez reconnu la boulangerie industrielle de Mc Donald. Si vous n’êtes pas assidu, d’abord je vous invite à l’être un peu plus, pour flatter mon ego et vous enrichir intellectuellement et, ensuite, allez tout de suite à l’épisode n° 22, intitulé simplement et en toute modestie, « Quai des Brumes ».

1 Million de petits pains par jour… Moi, ça me laisse sans voix ! Qui a dit « Tant mieux ! » ?

Rendez-vous compte, cela veut dire que s’ils les fabriquent, c’est qu’on les mange ces petits pains. 1 Million de Big Mac, Cheese et autres burgers engloutis chaque jour et ce, uniquement pour la région parisienne !!!

Vous me direz, ce n’est pas un exploit non plus, nous sommes 7 ou 8 Millions de parisiens, allez, 10 ou 11 si on compte les touristes, les étrangers de passage et les travailleurs clandestins. Si on déduit tout ce qu’ils jettent dès que le sandwich est resté plus de 5 minutes sous la lampe à UV, finalement, c’est pas si énorme.

A ce sujet, je voudrais faire un appel solennel au directeur du Mc Drive de Tormilly-lès-époisses ! : S’il vous plaît, dites à votre chef cuistot, qu’il fasse un effort pour que ses Big Mac, ressemblent un tant soit peu à la photo si alléchante qui trône au-dessus de vos caisses ou sur les pubs des abris bus. Chaque semaine, je me fais une joie d’aller dépenser mon salaire si laborieusement gagné avec mes enfants (euh entendons nous bien, c’est moi qui gagne le salaire et les enfants qui se font une joie et pas le contraire !!! ) dans votre restaurant et chaque semaine, soit, il manque un truc (ça c’est pour ma gueule, j’ai qu’à vérifier avant de partir !!! Ouais, en même temps ils sont pas payés pour vérifier avant de te le filer le sac ?), soit les sandwichs ont subi un jet-lag spatio-temporel, qui m’évoque plus le Gloubi-Boulga que Paul Bocuse. Tout est archi-cuit, ratatiné, écrasé contre le bord du carton rendant impossible la dégustation du fromage fondu!!!

Quand on repense à ça, et que l’on s’étonne, que malgré tout, invariablement, à la question hebdomadaire : « Les enfants, vous voulez manger où ? », ils répondent Mc DO, plutôt que Lasserre, immanquablement, la théorie du grand complot refait surface. Forcément, ils mettent un truc dans leur sauce, pour te rendre accro ! C’est dégueulasse et malsain (malgré toutes les pubs « green washing » qui sont très belles d’ailleurs) et pourtant on y retourne. On ne peut pas décrocher, il y a une voix au fond de ton estomac, qui te dit : « Vieeennns,… Vieeeennns chez Mc DO, vieeeens te gaver de Cholestérol aux Lipides… »

Mais tout ceci, n’a absolument aucun rapport avec l’histoire au sujet de laquelle j’voudrais vous causer.

En termes d’optimisation des coûts et de capacité à déterminer s’il est plus judicieux d’acheter sa salade chez un maraîcher Poitevin plutôt qu’à Taipei, je pense que Mc Do fait partie des entreprises pionnières. Appliquée au bâtiment, leurs judicieux acheteurs ont trouvé le montage financier optimisé suivant :

1 : On prend les plans d’une usine déjà construite à Philadelphie.

2 : On fait traduire en français et en système métrique ces plans par un Bureau d’Etudes Danois (avec toute la réussite que l’on sait – cf Episode 22 (Si vous n’avez pas encore compris, j’aimerais vraiment que vous lisiez (ou relisiez) cet Episode 22 !))

3 : On fait construire le Gros Œuvre par une entreprise Majeure du BTP

4 : On achète les machines aux Etats-Unis

5 : On fait poser les machines par des Irlandais (J’imagine, que le mode d’emploi de ces bécanes est un poil plus difficile à lire qu’une notice de montage Ikea, quoique !!!)

6 : Et pour couronner le tout, on confie le management global du projet à un type dont la dernière ligne du CV (et probablement la première) est : « 20 ans de direction de plateforme pétrolière offshore ».

Et moi qui pensais qu’il fallait faire l’ESTP pour diriger des gros chantiers. Ou alors ?! Non ? Est-ce que ça ne serait pas ça le secret ? Attendez, attendez ! Je la vois la connexion, elle est là, tout près, pendant que je vous écris, je la sens venir l’intuition ultime. Non !!! C’est trop énorme pour être vrai. Mais si, si bien sûr, maintenant c’est clair et limpide, tous les indices concordent. Oh la vache, c’est du lourd ce que je vais vous dévoiler –

Asseyez vous bien :

Le truc dans la sauce ! Il vient tout droit des raffineries de Quantum-Petroleum, et le patron de la plateforme a découvert le secret et s’apprêtait à tout révéler au grand public. Alors,  on lui a confié ce poste de haute responsabilité pour acheter son silence… Enoormme ! Sensationnel !!! Excusez-moi, je vous laisse, j’appelle le Canard Enchaîné tout de suite.

Bon, je viens de les avoir et ils y croient pas à la théorie du complot entre les industries pétro-chimique et alimentaires. Dommage pour vous, il faudra se contenter du scandale de la viande de cheval.

Et le BTP dans tout ça ?

J’y arrive, ayant traité les points 1, 2 et 3, dans l’épisode n° 22, que je vous invite sincèrement à aller lire derechef, je vais passer directement au point 5, en sautant volontairement le 4, qui n’offre que peu d’intérêt narratif et, comme je suis l’auteur de ces chroniques, je fais ce que je veux.

Le point 5 : Des installateurs Irlandais de machines industrielles américaines, sur un chantier français. (« Et pourquoi pas de la choucroute mexicaine? » aurait dit Fernand Raynaud) !!!

Je peux vous assurer qu’on s’est marré 5 minutes.

On s’est marré, d’abord, quand il a fallu expliquer à l’Inspection du Travail, ce que tous ces angliches foutaient là, d’autant qu’ils n’étaient pas Anglais, mais Irlandais. Il y a une petite nuance, je ne saurais pas trop vous expliquer, mais apparemment elle était de taille à leurs yeux. Et puis voir débarquer les anglais, ça va en période de Guerre, on supporte, difficilement, mais on supporte, mais en temps de paix, faut pas exagérer, ils ont qu’à les construire chez eux leurs Mc Do. (Ou en écosse, Mc Do, ça fait plus Écossais, ou il aurait fallu dire O’Do, mais ça sonne moins bien. Essayez de dire, « on va dîner au O’Do » ? Vous voyez on ne s’y retrouve pas. Les enfants risquent de comprendre on va au Dodo !!! Non définitivement, même dans leur nom, ils ont du mettre un truc pour qu’on veuille tout garder).

Et je vous épargne le cliché sur le rugby.

On s’est marré, quand il a fallu faire comprendre au chef de projet, que bien qu’étant anglophones, les irlandais ne parlaient pas l’américain et qu’ils ne comprenaient rien aux notices de montages.

Marrez-vous, mais je vous engage à aller voir le film « Mommy » de Xavier Dolan en VO Sous-titré. Sans sous-titre, je vous défie de comprendre un traître mot (à part les jurons internationaux), et pas seulement à cause de l’accent mais aussi du vocabulaire et des tournures idiomatiques. Quand, par miracle, on finit par comprendre quelques mots et que, tout fier, on vérifie sur les sous-titres qu’on a bien compris, on se rend compte que, ben non, c’était pas tout à fait ça. « Oh le con de traducteur, il aurait pu faire un effort quand même ». Et enfin quand la salle se rallume et que l’on traîne avant de se lever en finissant de mater le décolleté de sa voisine d’un l’œil et le générique de l’autre, on découvre stupéfait que le « con de traducteur » n’est autre que Xavier Dolan lui-même ! Donc, soit il est schizophrène, soit même quand ce sont les mêmes mots, en français et en canadien, c’est presque pareil mais pas tout à fait !!!

Et le « pas tout à fait », quand il s’agit de monter une bécane capable de vous fabriquer un petit pain toutes les huit secondes, il commence à avoir une certaine importance. Demandez au pilote de F1, s’il redémarre des stands avec une roue « pas tout à fait » fixée. Ou au Capitaine du Titanic, qui voit pas « tout à fait » le gros truc qui lui arrive dessus !!!

On s’est bien marré quand il a fallu leur expliquer qu’en France, on avait l’habitude d’avoir des vestiaires et des douches pour que les ouvriers se changent et mangent au chaud et à l’abri des intempéries. Ok, vous êtes Irlandais et êtes fiers de supporter les embruns marins de la mer d’Irlande mais quand même, on est mieux au chaud, non ? Ah vous voyez, c’est mieux ! Et c’est juste 150 € par mois et par personne, une paille. Et si on veut pas ? Ben, en fait vous êtes obligés ! Ah ok, super, merci les français. C’est un peu comme le vestiaire payant dans un club échangiste. Tu peux t’en passer et rester habillé, mais c’est quand même moins intéressant (et « pas tout à fait » pareil) !

On s’est marré, quand ils ont enfin fini leur montage et qu’ils nous ont dit : « teacht anocht le páirtí, rinne muid tine chnámh e », ah vous voyez bien, que c’est « pas tout à fait » pareil que l’anglais !!!

Et comme on n’a rien compris, mais que l’on a refusé de le montrer, on a dit « oui, oui, ok ». Et on a continué notre journée comme si de rien n’était pendant qu’ils rassemblaient toutes les caisses en bois qui protégeaient les bécanes depuis les States.

Et quand on est sorti des baraques, on a découvert, installé sur un terrain vague devant le chantier, une pyramide de bien 10 5 3 (faut pas exagérer) mètres de haut de palettes et caisses diverses, le tout formant une sculpture éphémère qui aurait eu toute sa place à la FIAC. Et ils étaient tous là, assis sur des tabourets de fortune, en rond autour de la sculpture.

« Tu crois que c’est un rite celtique ? »

« J’sais pas, allons demander au chef de la tribu »

Ils nous ont accueilli à bras ouverts avec un sourire Guinness, qui laissait présager qu’ils ne nous avaient pas vraiment attendu pour démarrer les hostilités.

A force de gesticulations, nous comprîmes que nous étions conviés à assister à la cérémonie, quelle qu’elle fût et les regards ne laissaient aucun doute sur le fait qu’un refus aurait été pris comme un affront, voire un incident diplomatique. Qu’on les explose au rugby passe encore (désolé, j’ai pas pu résister au cliché), mais refuser de se bourrer la gueule avec eux, non ! Il y a des limites à ne pas franchir, sous peine de mise au pilori. Je m’imaginais dans un épisode de Lucky Luke, au cours duquel les Dalton sont obligés de se marier avec des indiennes après une cérémonie du même acabit. J’espérais, quitte à me marier de force, que la fille du chef aurait un sourire avec plus de dents que son père.

Maintenant, que nous étions au complet, le Shaman de la troupe se leva et prit une torche qu’il alluma et jeta au milieu de la sculpture. Il ne fallut que quelques instants pour que les caisses s’embrasent, formant des flammes d’au moins 10 mètres de haut (et là, je n’exagère pas du tout). C’était magnifique, fascinant, nous dûmes reculer de quelques pas pour embrasser complètement la scène et supporter la chaleur du brasier.

Finalement, c’est p’tet pas si mal les flammes de l’enfer ? (Surtout si toutes les femmes infidèles y sont conduites d’office)

Tout accaparé que nous étions, autant par le spectacle que par les Guinness faisant office de calumet de la paix, nous n’entendîmes que tardivement les sirènes approcher du notre bivouac géant.

Le chef des pompiers, accompagnés de quelques policiers, nous appréhendèrent :

« Mais, vous êtes complètement débiles ?, vous allez foutre le feu à tout le quartier avec vos conneries »

« ??? » 

Instantanément, sans qu’il y ait besoin de se concerter entre mon collègue et moi, nous écartâmes les bras, les paumes levées en l’air en signe d’incompréhension, et avec un hochement de tête vers le chef des Irish. Les policiers s’étaient adressés à nous, parce que probablement on avait l’air moins étranger que les autres, mais on avait instantanément compris, que ce feu de joie n’était pas du goût des autorités locales, et que dans ces conditions, jouer au con serait notre meilleure porte de sortie.

Je sais, c’est pas joli, joli, mais on ne leur avait rien demandé aux British, et on avait pas l’intention de s’en prendre plein la gueule pour des mecs qu’on ne reverrait jamais. D’autant que, merde, ils ont cramés Jeanne d’Arc, alors se venger, même petitement, même 600 après, autour d’un feu de joie, moi je trouve que c’est du patriotisme !!! (Franchement, si ce n’était pas moi qui les écrivaient ces conneries, je monterais au créneau pour dénoncer l’incommensurable absurdité de tels raisonnements qui permettent, sous couvert de vengeances historiques obscures et fausses (ce sont les Anglais protestants et non les Irlandais catholiques qui se sont occupés de la Pucelle), de légitimer tous les nationalismes crétins et obsolètes. Voilà, ça c’est fait, vous aurez compris que je ne vote pas FN !)

Et pourtant, il faut bien avouer qu’au moment de se faire pincer par les bourres, j’ai eu la lâcheté de dénoncer mon voisin, plutôt que d’essayer de le sortir de son pétrin. Pas Collabo, mais pas vraiment Résistant non plus !!!

Pendant quelques minutes, nous avons assisté à une scène dantesque (et pour le coup, le rougeoiement féroce des flammes éclairant la scène justifie pleinement l’emploi de cet adjectif) entre les Irlandais et les condés, qui essayaient de s’expliquer. Pris par un tardif remord, je commençais à m’avancer vers le groupe pour apaiser la situation, mais l’Irlandais me fit signe de ne pas m’en occuper en me gratifiant d’un clin d’œil appuyé, prouvant qu’il maîtrisait pleinement la situation et qu’il ne devait pas en être à son coup d’essais en termes de conneries provocatrices.

Les pompiers ont éteint le feu, la maréchaussée lasse de ne rien comprendre leur a dressé un PV aussi utile que les théories de Spinoza dans l’oeuvre de Michèle Torr. Et nous ? Rien ! Queue dalle ! Même pas un reproche, la transparence complète dans cette histoire !!!

Alors que des types viennent me défier sur mon terrain en faisant des conneries, passe encore, mais qu’ils en fassent de plus belles que moi, je dis : NON ! 

Non à la concurrence déloyale !

PS : teacht anocht le páirtí, rinne muid tine chnámh e : En gros ça veut dire : Venez faire la fête ce soir, on va faire un feu de joie.

Catégories :BTP Métier

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Lyrkhan

Je m’appelle..., et puis quoi encore... (l’anonymat dans certaines situations est vital) et je suis ingénieur dans le BTP.

Depuis 1988 je travaille dans le Bâtiment, formé à l’ESTP (Ecole Spéciale des Travaux Publics) où je me suis plus illustré au Journal interne et aux aventures Théâtrales, qu' en assistant aux passionnants amphithéâtres de RDM*. J’y ai cependant appris à aimer le travail d’équipe et le plaisir de réussir des projets.

J’ai, majoritairement passé ma carrière à rénover des Bâtiments Parisiens et cette passion du « construire ensemble » m’a toujours guidée au cours de mes nombreux chantiers.

Et si je parle de passion, c’est qu’il en faut une certaine dose pour apprécier de faire ce métier chronophage, protéiforme et viril, où l’on s’appelle plus souvent « ma couille » (il faudra vous y faire) que « cher ami », surtout si l'on préfère l’univers de Boris Vian et Pierre Desproges à la lecture assidue du BAEL** ou des DTU***.

Malgré ce décalage, je n’ai jamais perdu cette passion du métier, parce que les aventures humaines sont finalement toujours plus importantes que les calculs aux éléments finis, parce qu’un con debout va toujours plus loin que deux ingénieurs assis (ah je vous avais prévenu) et enfin parce que bien que souvent suspecté d’être un atypique « qui n’aime pas les cases », j’ai apporté ma pierre à ces aventures pour mon grand plaisir et pour la réussite des projets.

Aujourd’hui, je suis passé de suspect qui se cache à coupable qui l’assume, voire le revendique.

L’aventure est dans le partage, alors je vous présente, à travers des témoignages, des observations et des critiques : un rapport d’étonnement de… presque 30 ans.

il était temps que je l’écrive.

(*) RDM : Résistance des Matériaux : Tous les matériaux ne résistent pas de la même manière. Belle évidence non ? Eh bien, il faut croire que cela ne suffit pas, puisque des ingénieurs en ont fait une science qui permet de calculer si un pont tient mieux avec du métal qu'avec des élastiques.

(**) BAEL : Béton armé à l’Etat Limite : Méthode de calcul du béton armé dont je serai totalement incapable de vous préciser le début du commencement du préliminaire et franchement je n’ai pas honte.

(***) DTU : Documents Techniques Unifiés : Titanesque recueil de méthodes de construction qui regroupe tout le savoir-faire du BTP. « La bible » comme disent certains, et comme toute bible, il y a les ultra-conservateur qui s’y réfèrent oblitérant toute tentative d’interprétation aussi mineure soit-elle. Toute relation avec des événements récents est totalement assumée.

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